Hypocrite

Nous nous sommes rendus à un petit rassemblement dans le jardin de quelqu’un. Il y avait de la bière, des frites, des conversations animées et un feu de joie. Nous parlions des changements que Julien et moi avons fait dans notre vie et pourquoi. Julien anime des ateliers sur les impacts du changement climatique et s’exprime ouvertement sur le sujet. À un moment, la personne en face de nous a dit : « Mais vous avez toujours des smartphones et vous êtes venus ici en voiture ! »

 

Hypocrite

La définition d’hypocrite selon le Cambridge Dictionary en ligne :

 

Quelqu’un qui dit qu’il a des croyances morales particulières, mais qui se comporte d’une manière qui montre que celles-ci ne sont pas sincères : C’est un hypocrite – il fait toujours la leçon aux autres sur l’environnement, mais il se déplace dans une énorme voiture.

 

Souvent, les écologistes sont qualifiés d’hypocrites parce qu’ils conduisent encore une voiture, achètent de nouveaux vêtements, prennent l’avion de temps en temps ou font quelque chose qui, selon d’autres, n’est pas conforme à ce qu’ils représentent. La vérité est que nous ne pouvons pas avoir une empreinte de 0. Nous faisons partie de cette société, et ce n’est pas l’idée d’en sortir. Le changement vient de l’intérieur, se fait pas à pas et par des humains faillibles.

 

Pour faire changer les choses, il ne sert à rien de blâmer les « hypocrites ». Partageons plutôt les inquiétudes que je pense que nous avons tous. Parlons de ce que nous faisons pour réduire notre empreinte : ce que cela nous a apporté, ce qui a été difficile, comment cela a amélioré notre être, comment cela peut donner de la joie et un but à la vie quotidienne. Changeons la norme sociale.

 

Ce jour-là, dans le jardin, après la remarque d’avoir des téléphones et une voiture, je me suis tu. J’ai entendu Julien commencer à nous défendre : « on en a besoin pour vivre, pour faire tourner notre entreprise ». Il y eut un sourire narquois et la conversation prit une autre direction. J’étais soulagée, craignant une maladresse et un débat. Mais en rentrant chez moi, je me suis senti mal à l’aise avec mon silence plus tôt.

 

Faire le bien, plus fort

S’exprimer peut être effrayant parce que vous devez vous mettre en avant, même si la foule est sceptique. Ce que j’aurais aimé dire, assis là sous le soleil de l’après-midi, c’était ceci :

 

Oui, nous avons un téléphone, bien que je sois déjà le 3ème propriétaire du mien. Oui, nous avons une voiture et pour l’instant nous la gardons. Mais là n’est pas la question. Le fait est que nous sommes satisfaits des choix que nous avons faits.

 

Ne pas prendre l’avion nous a fait traverser l’Europe à pied et c’est le meilleur voyage que j’ai jamais fait. La réutilisation, le recyclage et le partage ont apporté une créativité que je ne savais pas que j’avais. Me concentrer sur une vie simple et plus proche de la nature m’a donné une vision plus large. Cela m’a fait reconsidérer le culte de devenir la meilleure version de soi-même, ce qui implique généralement plus de consommation. Planter des arbres m’a appris à être patient et à être capable de voir les générations futures, de faire quelque chose qui n’est pas seulement pour mon propre bénéfice immédiat.

 

Et pour ces générations futures, nous devons changer. Je n’y suis pas de longue date, mais me voilà à présent, engagée jusqu’aux os. 

Inspiré par le podcast ‘Eerste hulp bij overleven‘ (néerlandais)

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