Avant de nous poser cette question en 2020, nous pensions avoir besoin de beaucoup de choses. Un voyage en Argentine pour parcourir le célèbre trek W, par exemple. Un trek que nous n’avons finalement pas fait, mais marcher, ça, nous l’avons fait !
Une carte du monde
Dans un monde dominé par la consommation, il est logique de penser que l’on a besoin de beaucoup de choses. Comme une économie florissante est synonyme de croissance et que l’argent semble être la principale mesure du succès, il est normal de souhaiter quelque chose de plus grand, de meilleur ou de plus excitant que ce que l’on a déjà.
Julien avait une carte du monde indiquant tous les pays qu’il avait déjà visités. J’avais un placard rempli de vêtements et de chaussures et je me lançais dans un nouveau passe-temps tous les six mois. Nous étions tous les deux plutôt heureux. Mais en même temps, nous nous demandions si c’était vraiment ce que nous voulions.
De quoi avons-nous vraiment besoin pour être satisfaits, pour avoir un but, pour ressentir de la joie et de l’épanouissement ? Lorsque la Covid a frappé et que la vie s’est soudainement arrêtée, notre voyage en Argentine a été annulé. Il n’y avait plus de nouveau passe-temps à explorer ni d’occasions de boire du vin avec des amis. Juste un océan de temps pour réfléchir à cette question.
Nous avons essayé la méditation, nous nous sommes plongés dans la crise climatique et avons lu Satish Kumar. Tout en travaillant dans le jardin communautaire, nous avons étudié la permaculture et avons commencé à faire des cartes mentales d’autres vies possibles. Nous avons décidé qu’il nous fallait une rupture radicale pour voir ce qu’il y avait d’autre.
Marcher
Après avoir démissionné de nos emplois, nous avons commencé à faire du bénévolat dans une ferme en permaculture aux Pays-Bas (WWOOF), puis nous sommes partis pour un long périple, le GR5. Nous avons marché pendant plus de 4 mois dans la nature, à travers l’Europe. Nous emportions le strict minimum pour pouvoir marcher, dormir, manger et lire par tous les temps. Nous avons eu beaucoup de pluie, des journées chaudes et étincelantes et des nuits glaciales.
Le connexion entre l’homme et la nature (en anglais human-nature connectedness , c’est à dire la mesure qui quantifie le niveau auquel les humains se considèrent comme faisant partie de la nature) est forte lorsque l’on passe la plupart de son temps à l’extérieur. Ainsi, la nature nous entourait et nous enveloppait : lorsque nous nous installions dans la forêt pour la nuit et que nous observions un écureuil et une souris curieux qui venaient voir qui était entré dans leur habitat ; ou lorsque nous nous réveillions tôt le matin pour contempler le majestueux Mont Blanc s’illuminer aux premiers rayons du soleil. Julien a même acquis une toute nouvelle compréhension du temps et de la distance alors qu’il marchait pendant des jours vers la chaîne de montagnes de sa jeunesse.
De plus, nous avons cherché de l’eau pour installer notre campement, mais nous n’avons trouvé que des lacs et des puits asséchés. Certaines forêts étaient fermées, trop dangereuses pour être traversées en raison des scolytes et des chenilles. Nous avons traversé d’énormes stations de ski désertes, occupant la moitié d’un parc naturel. Nous avons vu la beauté et la douleur.
De quoi avons-nous vraiment besoin ?
De quoi avons-nous vraiment besoin ? Après le GR5, il était clair pour nous que nous avions besoin de beaucoup moins que ce que nous pensions pour mener une vie agréable. Cela nous a amenés à acheter quelque chose de beaucoup plus grand que ce que nous avions auparavant. Quelle ironie !
Captivés par le mouvement de la permaculture, et lassés de l’idée que les actions individuelles ne changent rien, nous avons lancé Le nouveau printemps. Heureusement, c’est exactement ce dont nous avions besoin. Il y a un lien avec la nature, nos hôtes, nos voisins et notre vallée. Le fait de partager la maison nous ouvre les portes du monde. Il y a tant de sens et de joie à trouver dans le jardin, dans le mouvement de la permaculture et dans le fait de consacrer une grande partie de notre temps à la Terre. Tout n’est pas rose, cela n’est jamais le cas. Mais nous avons tout ce dont nous avons besoin et bien plus encore.
« Bien avant qu’il y ait des marchés, avant qu’il y ait des actions, avant qu’il y ait des banques, il y avait la terre, la rivière, le soleil. Et la richesse était l’abondance de la Terre. C’était le chant de la récolte, les mains qui labouraient le sol, c’était la joie d’avoir suffisament. »
Extrait de Name me. A poetic provocation, Ashanti Kunene – (à voir absolument !)
